"L 'ombre de la mort planait au dessus de ses épaules."
→ note de Najia: c'est une phrase qu'une amie prononça en regardant une photo de Valérie.
Peut-on dire qu'elle a été adulte ? Je crois que Valérie ne l'aurait jamais été même si elle avait vécu 100 ans. Je me trompe peut-être...
Mais reprenons l'histoire.
Étant majeure et touchant de ses droits d'auteur, elle acheta un studio dans le Vème arrondissement. Elle s'est inscrite à la Sorbonne, en Lettres.
Elle gardait contact avec Jean Couturier. Leur désarroi commun les unissait. Ils s'écrivaient et se voyaient.
Une nuit, il reçu un coup de fil. Au bout du fil, la police lui demanda de venir. Valérie avait avalé des médicaments, elle commençait à jouer avec la mort.
Par la suite, elle tombait en proie à des crises de dépressions. La peur de la page blanche qui envahissait Gene (le personnage d' "Obsession blanche") prenait peu à peu possession d'elle.
Elle avait d'ailleurs dit un jour:
_" Je suis un peu de Gene".
Loin de l'antre maternelle, Valérie n'arrivait pas à retrouver de repères, même si elle continuait sa vie presque normalement.
Elle faisait ses courses au marché avoisinant, allait au cours, au cinéma ou sur une terrasse d'un café pour observer ce monde lointain dans lequel nous vivons.
24 juin 1980, un voisin força la porte du studio.
Le feu, causé par un mégot, avait envahi la pièce, les flammes montaient déjà au toit. Cette nuit-là, elle faillit mourir dans cet incendie.
"J'étais dans les vaps, je voyais des flammes, de la fumée, je ne réalisais pas, le toit a brûlé" a-t-elle confié à son ancien professeur de philosophie.
Elle retourna, en automne, vivre de nouveau avec sa mère.
" Obsession blanche" est achevé finalement.
Devant sa machine, Valérie écrivit " Magnifica Love", histoire d'une magnifique danseuse qui séduit tous les soirs, grâce à son corps svelte et éblouissant, le public émerveillé.
Elle continuait à se droguer, toujours perdue dans ce gouffre duquel elle n'arrivait pas à sortir.
Le monde lui était loin, très loin. Le regard qu'elle portait dessus était pessimiste.
Valérie le savait, mais elle n'arrivait pas à aller vers la vie.
Elle s'installa dans une maison, à la campagne, avec deux chats et sa machine à écrire. Son frère, Eric, et un ami apportaient régulièrement l'essentiel.
Loin de la ville, loin des médicaments et autres drogues, Valérie fut en proie à sa solitude.
Elle écrivit "Véra", triste roman qui dévoile maintenant l'état dépressif dans lequel elle se trouvait. Mais les psys, Valérie n'en a jamais voulu.
Elle savait que la mort n'était pas loin.
Dans une émission préparée par Jacques Chancel, Valérie dit publiquement:
" Ma mort rentrera dans votre oubli".
Bien même avant d'avoir 20 ans, elle rédigeait déjà ses testaments. Le dernier fut respecté.
La mort... cette vieille dame blanche, au visage marqué par le temps et au regard surnaturel, n'est pourtant pas loin. Elle sait qu'elle viendra au moment voulu.
La mort semblait l'opportunité de connaître autre chose que ce monde qui n'avait pas aidé.
À un âge où l'on apprend à se détacher de ses parents, à "voler de ses propres ailes", Valérie vivait encore le drame de ses parents, ne parvenait pas à s'en détacher.
Mais elle savait, elle le sentait. Elle sentait que la mort n'était pas loin. Elle savait qu'elle ne vivrait pas encore longtemps dans ce monde dans lequel elle n'a jamais pu pénétrer.
Elle regardait ce monde comme derrière une vitre.
18 décembre 1982.
Valérie s'est endormie... elle ne se réveillera plus. En cette nuit si froide, la vie quitta son corps.
"Absorption abusive mais involontaire de somnifères" ... Elle avait 21 ans.
Ses cendres, comme elle le souhaitait, ont été dispersées dans la mer.
Une amie m'a dit, un jour, ceci:
" Valérie n'était pas faite pour vivre".
Peut-être, je ne le sais pas...