Najia: Merci infiniment à Paul Nyugen pour m'avoir offert Eléonore!
Eléonore, c'est l'histoire d'un amour impossible d'une jeune lycéenne pour un acteur un peu raté, parfois trop humain, parfois pas assez. Cette jeune fille innocente n'est pourtant pas naïve, elle observe le monde hypocrite des adultes et ne supporte pas toutes ces paillettes, ces masques derrière lesquels tout le monde se cache. Sa mère, très belle et très riche, séduit tout le monde et s'amuse à séduire l'acteur comme s'il s'agissait d'un défi entre elle et sa fille. La jeune fille n'aime pas cette femme qui est sa mère, qui ordonne et qui donne tout sauf l'amour et l'affection.
Presque tous les soirs, elle répète la pièce de théatre qui n'est pourtant pas loin de ce qu'elle vit. L'acteur ne comprend pas pourquoi elle l'aime et tente de ne pas se laisser séduire par sa mère.
Avec un style plus proche d'Obsession Blanche mais aussi fort que ses autres romans, Valérie a écrit un chef d'oeuvre, une symphonie de détresse et d'amour. Ce roman a été publié après sa mort, il est difficile à trouver mais vous pouvez consulter la page d'infos où je donne l'adresse de quelques sites web où vous pourrez certainement le trouver.
Voici maintenant place au résumé que l'on trouve au dos du livre:
"De l'amour impossible d'une petite lycéenne pour un acteur de théâtre un peu raté, un peu trop beau, un peu trop humain, Valérie Valère a composé un chef d'oeuvre de précision et de détresse. Roman encore inédit, Eléonore progresse par tableaux - du père absent à la mère carnassière, de l'univers des acteurs à celui des profs-, à la façon d'une tragédie dont l'héroïne serait à la fois l'instrument et le censeur. Tragédie bourgeoise, dissequée avec cruauté et humour, et tragédie tout court, celle, poignante, d'une lycéenne qui pourrait ressembler à toutes les lycéennes du monde.
La fascination de l'inéluctable, de l'abandon et de la mort, tous les grands thèmes qui hantent l'oeuvre de Valérie Valère, Eléonore, et nous rappelle la destinée exceptionnelle de cet auteur prodige qui aurait 37 ans aujourd'hui et qui est morte à 21 ans, un 18 décembre 1982, après une "vie" qui ressemble à un chemin de croix - anorexie et internement psychiatrique, solitude, depréssion et drogue -, et après cinq années d'écriture obsessionnelle, ces milliers de pages dactylographiées qui forment une passerelle depuis Le pavillon des enfants fous qui la rendront célèbre du jour au lendemain, jusqu'à Obsession Blanche, le dernier roman publié de son vivant."
Et maintenant, voici place à un extrait du livre:
"Être comédien... Coulisses et loges, costumes extravagants et scènes de ténèbres, maquillages de pantomime, fards et paillettes... Où est le visage ? Sous ce blanc, sous ce rouge, sous ce brillant ? Pourtant, ces yeux, gris et perçants, fendus comme des gouttes de pluie, ces sortes de larmes, ce sont les tiennes ? Et ces autres yex, sur la scène, ce regard vert qui voudrait tant appartenir au monde, au flot du monde, et qui ne sont réservés qu'aux personnages d'emprunts, aux voix, aux déguisements infinis. Inés a le sentiment d'avoir perdu sans avoir vraiment joué. Elle s'imagine sur ce fauteuil de théâtre, un peu râpeux, un peu piquant au dos, comme une grande Inès adulte, avec son armure d'adulte et un sac à la main, une Inès un peu îvre, un peu îvre de tristesse..."
page 72.